lundi 5 septembre 2011

IMMIGRATION: LES AFRICAINS SONT-ILS DEVENUS LEURS PROPRES NÉGRIERS


Il était une fois alors que je suivais docilement mon cours d’économie du Québec, le professeur, un ancien premier ministre du Québec, Mr. Bernard Landry se met à expliquer la force et la générosité du peuple québécois. Il nous explique que vers les années 60 après que l’armée anglaise soit partie les québécois devaient se débrouiller seuls sans une économie efficiente, sans pratiquement aucun filet social. Les québécois pouvaient tous être tentés d’immigrer vers les États-Unis à la recherche de meilleures opportunités de vie. Mais non ! Ils résistèrent pour la préservation de leur société, de leur culture et firent tout pour conserver leur langue, le français. Comme il aimait tant le rappeler de façon naïve, «les québécois selon un écrivain québécois étaient des nègres blancs d’Amérique». C’était à ce moment que je lui posai la question : Monsieur pensez-vous pas que le système d’immigration tel qu’il est conçu en occident est une hypocrisie occidentale ? Dans la mesure où lorsque vous formez les ingénieurs, les économistes et autres intellectuels vous faites tout pour les retenir dans vos pays pour accroître votre productivité et ne mettez pas en place des mécanismes pour les contraindre ou faciliter leurs retours dans leurs pays respectifs pour bâtir leurs nations. En guise de réponse il m’offre une rhétorique de politicien expérimenté habitué à l’exercice questions-réponses avec des journalistes. Le jargon américain dirait qu’il fait du «flip-flop». Et là je recentre ma question : Vous parliez tantôt des québécois qui se sont battus et résister à la tentation d’aller vivre aux États-Unis, le point que je veux apporter est que dans le but d’avoir une Afrique prospère et un marché africain assez important ne faut-il pas favoriser le retour de ses cerveaux qui se trouvent dans les quatre coins du globe ? Et là dans un sourire digne d’un acteur hollywoodien il me répond : «Ni le Québec, ni la France, ni personne ne peut résoudre un problème africain !» Le message est très clair : Chacun veille sur ses intérêts et l’Afrique aux africains!
Je me suis souvent penché sur ce problème d’immigration ou ce qu’il convient d’appeler un fléau et j’ai trouvé qu’il est à la fois la solution pour la prise de conscience des masses populaires en Afrique (surtout en Afrique noire) et la voie de perdition de son vivier de changement et d’espoir à savoir sa jeunesse. J’irais même jusqu’à dire au risque de choquer beaucoup de mes lecteurs mais tant ceci me brûle les lèvres et est d’une pertinence déconcertante, le fait que la jeunesse africaine immigrante subit une sodomisation de sa conscience qui consiste ni plus ni moins en une spoliation de sa culture et de son histoire par elle-même en embrassant des idéaux occidentaux comme norme et modèle de vie. Une telle masturbation intellectuelle ne peut que laisser l’Afrique en marge de la mondialisation. Oui les mots sont lâchés : masturbation intellectuelle. Puisqu’en agissant de la façon dont elle agit elle se donne du plaisir à soi même, et qu’il est intense ce plaisir mais au bout du compte elle n’a pas de partenaire, elle s’isole et s’éloigne réduit sa relation, sa culture, son histoire à un plaisir éphémère dicté par sa conscience lessivée d’images qui prédéfinissent à sa place ce qu’est l’idéal.
L’immigration est une solution à considérer par tout africain qui veut changer les choses. Elle permet de cerner deux problèmes principaux pour les candidats au départ : La mentalité africaine et l’effet ou le résultat des politiques des États africains.


La mentalité africaine.
L’autre jour je me suis livré dans un échange d’idées avec une consœur érudite africaine sur la nécessité de créer les États-Unis d’Afrique. Après quelques échanges, elle me fait comprendre que mon rêve relève plus d’une utopie d’un jeune homme brillant. La faute de notre problème africain dit-elle se trouve dans le passé. Selon elle, il faut pouvoir faire sortir le continent africain de son néocolonialisme, donc enlever la forme de tutelle qu’ont les pays occidentaux sur les pays africains, ensuite régler le fléau de la corruption en Afrique, ce qui revient tout simplement à massacrer tous les africains auquel cas on a les États-Unis d’Afrique avec une seule personne qui vit tout seul dans son pays. Cette érudite relate ainsi, dans un cynisme très ironique, ce que pense «l’africain moyen». J’ai qualifié cette mentalité africaine, le paradigme de «la faute aux autres».
Oui, je veux changer l’Afrique et créer les États-Unis d’Afrique mais je ne suis pas naïf, vous n’êtes pas naïfs, nous ne sommes pas naïfs. Il y a bel et bien un statu quo en place et il se battra pour garder tous ses avantages dont il jouit depuis des années. Si vous vous en doutez, posez la question à Thomas Sankara ce que ça lui a valu de vouloir effacer la dette africaine à ces bailleurs de fonds, poser la question au ghanéen Nkrumah d’avoir eu l’idée de créer les États-Unis d’Afrique. La réponse à vos questions n’est qu’un silence mais un silence qui pourrait réveiller bien des morts.
Nous devons aussi accepter nos responsabilités face à nos échecs parce que j’ai du mal un tant soi peu à me convaincre que ce sont les européens qui viennent sur nos routes corrompre nos policiers, interdisent nos politiciens de construire des hôpitaux, ne pas mettre en place un système d’éducation digne de ce nom, détruire des infrastructures qui datent de l’époque coloniale et en construire de nouveaux et la liste est loin d’être exhaustive. Pour mieux avancer il faudrait que nous apprenions à nous parler de la façon la plus candide qu’il soit. Le problème avec notre mentalité est que nous sommes cupides. La cupidité est le premier frein à tout progrès africain. La recherche de la plus grosse voiture, la plus belle maison, la ruée vers la richesse, son intérêt personnel avant tout. Il y a des fois où j’aimerais tellement que la célèbre maxime de l’économiste libéral anglais Adam Smith «la recherche de l’intérêt personnel conduit à l’intérêt général» prenne tout son sens dans nos économies africaines mais il a de quoi reconsidérer sa vision d’une économie libérale quand il regarde nos économies africaines où les individus en poursuivant leurs intérêts personnels finissent dans l’un des deux extrêmes : L’extrême pauvreté ou l’opulence.
En quoi l’immigration permet-elle de cerner cette mentalité de cupidité ? Il y a qu’à voir les risques que les africains sont prêts à prendre pour aller en occident. Ils embarquent sur des pirogues avec femmes et enfants où ils ne sont mêmes pas sûrs d’atteindre l’autre rive. Ils meurent souvent dans une mer agitée par centaine. Cela n’émeut même plus personne en occident au point où leurs journaux les réservent la place des faits divers. Imaginez le courage que ça prend de se sacrifier et sacrifier ses enfants tous simplement pour pouvoir vivre en occident. Ne pouvaient-ils pas rester simplement dans leur pays et soulever une révolution où ils seront morts pour une vraie cause et auront eu droit à un enterrement digne de ce nom ? Non ils préfèrent un risque démesuré où leurs corps ne seront même pas retrouvés. Quant à ceux qui y arrivent à l’autre bout. Ceux là vivent dans des conditions tellement inhumaines que la simple description vous glacerait le sang.
J’ai dit à mon amie africaine, l’érudite, que les français ont décapité leur roi quand ils en ont eu marre de vivre dans des conditions indécentes, les américains ont combattu l’empire britannique quand ils en ont eu marre de payer des taxes élevés à la reine d’Angleterre. L’histoire sait ce que sont devenus ces pays : prospères et de grandes puissances. Mais elle a balayé ces exemples du revers de la main arguant qu’il ne faut pas aller chercher des exemples qui ne sont pas africains pour expliquer notre retard. Je veux bien concevoir que les peuples et les cultures sont différentes mais nous sommes tous de l’espèce humaine et nous vivons tous les mêmes frustrations face aux injustices sociales. Il n’existe pas de misère douce et de misère forte, de pauvreté blanche et de pauvreté noire, d’injustice asiatique ou d’injustice européenne. L’injustice, la misère ou la pauvreté affectent les peuples de la même manière à travers le globe. Ce qui rend mes exemples pertinents à bien des égards.
L’effet ou le résultat des politiques africains.
L’immigration permet de comprendre les politiques des nos états africains dans différents secteurs que ce soit l’économie, l’éducation, le sport et bien d’autres premièrement parce qu’ils sont soumis au test de la comparaison au système étranger. Prenons par exemple l’économie.
La main d’œuvre africaine n’est pas compétitive car sous éduquée, elle n’est pas non plus docile comme celle des pays comme la Chine, le Japon ou l’Inde. Disons le donc de façon candide le travailleur africain moyen est paresseux et sous qualifié. À défaut d’être en compétition avec l’Europe, les États-Unis ou la Chine, l’Inde ou le Japon pour des emplois qualifiés dans les secteurs comme la technologie et la science, le continent africain devrait remporter haut la main les emplois dans le secteur de la manufacture. C’est le secteur manufacturier qui a fait de la Chine ce qu’elle est aujourd’hui, une puissance qui talonne les États-Unis. En 2010, la Chine accède au deuxième rang de puissance économique derrière les États-Unis avec un Produit intérieur brut (PIB) de plus de 9% du PIB mondial. La main d’œuvre chinoise, ce sont des travailleurs disciplinés qui travaillent dans des conditions difficiles sans se plaindre, pendant de longues heures. Faites une pause dans la lecture et observez dix articles autour de vous et il y a fort à parier que sept sur dix articles sont «made in china» (fabriqués en Chine). Le taux de croissance du PIB africain par pays est très faible. Il est de l’ordre de moins de 1% l’an. C’est ici où je rejoins ma consœur africaine l’érudite mais je tiens à nuancer mon propos en refusant de mettre la faute sur autrui mais disant tout simplement que c’est le fruit de la mauvaise gestion des africains. En effet les économies africaines sont sous le dictat des institutions financières tels le Fonds Monétaire International, la Banque Mondiale et différents agences de notation. Ces institutions ont des leviers sur nos économies par le biais de nos lourdes dettes. Elles peuvent donc disposer de nos ressources comme bon leur semble en échange de quelques aides. Pour arriver à redresser l’économie africaine il n’y a pas de solution miracle et cette solution est très simple elle s’appelle la productivité. Nous devons redoubler d’ardeur, nous devons travailler très dur comme si nos propres vies en dépendaient puisqu’elles en dépendent. La meilleure façon de commencer c’est d'être autosuffisant pour cela il faut promouvoir le secteur de l’agriculture. Je ne m’explique pas comment nous pouvons mourir de faim en Afrique quand nous avons des terres arables. L’investissement de nos politiciens doit se renforcer dans ce secteur par l’acquisition de matériel de pointe capable d’améliorer la productivité. Il est tout simplement anormal et indécent qu’une tomate venue de Chine vienne concurrencer une tomate locale à des prix abordables. C’est de cette autosuffisance que naîtra la créativité et la force productive africaine.
L’immigration comme je le disais plus haut permet le soulèvement des masses populaires. L’ingrédient pour tout soulèvement populaire est le même. D’abord il y a les mauvaises conditions de vie et ensuite la présence d’intellectuels dans la société civile qui poussent les classes populaires à prendre conscience de leur situation et de s’organiser pour prendre en main leur destin. Dans le cas de l’Afrique cette tâche reviendrait à ces intellectuels qui sont des avocats, des docteurs, des économistes formés en occident qui rentrent dans leurs pays d’origine améliorer le quotidien de leurs frères et sœurs africains. Au risque de déplaire à ma consœur africaine avec des exemples non-africains, c’est ce qui amena la révolution de mai 1968 en France, c’est ce qui donna la force au premier ministre du Singapour d’alors Mr. Lee Kuan Yew d’inciter son peuple à se soulever et à bouter hors de Singapour les japonais et les anglais. L’exemple africain ici serait le ghanéen Nkrumah après ces études aux États-Unis rentra en Afrique décida de vouloir fédérer l’Afrique. L’immigration nous aide donc à parfaire notre intellect pour pouvoir prendre en compte notre destin.

Ceux et celles qui décident de ne pas rentrer bâtir l'Afrique de demain ne sont pas si différents des négriers qui vendaient des esclaves aux européens contre du sel à la seule différence qu'ils viennent eux-mêmes vendre leur savoir en occident en échange d'un confort matériel. Peu importe votre niveau élevé dans l'échelle sociale dites vous bien ceci en vous regardant dans la glace tous les matins:  Pour l'homme de l'occident vous êtes tout simplement un misérable africain à qui on a donné une chance de réussir.

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