lundi 15 août 2011

OBAMA, LA SUPERCHERIE NOIRE?


Un rêve devenu réalité.

Il est 3h du matin. On est en 2004 et je fais une nuit blanche devant la télévision. À la maison tout le monde dort moi j’ai les yeux rivés devant l’écran de télévision. Soudainement j’entends un bruit. Il vient de la chambre de mon oncle. Que dois-je faire? Éteindre la télé et filer rapidement dans ma chambre comme je fais d’habitude? Je décide d’affronter son regard. Il ouvre la porte qui donne sur le salon, il me regarde, il pousse un soupir. Il s’approche de la télévision pour regarder ce qui s’y passe. Cette fois-ci ce n’est pas un film pour adultes. Je suis sur la chaîne d’information américaine CNN et je suis captivé par la convention nationale du parti démocrate qui cette année là avait lieu à Boston. Il s’arrête un instant me jette un regard exaspéré et décide de ne pas gâcher son sommeil avec moi. Ce qu’il a sûrement vu c’est un jeune homme dont le cerveau a été lessivé par la culture américaine. Un garçon qui écoute du rap, joue au basket, porte de larges vêtements, a un vocabulaire remplit de grossièretés puisé dans les films américains. Ce qu’il n’avait sûrement pas vu c’est cet enfant en quête de sa propre identité, à la recherche d’un modèle qui a brisé l’ordre de l’échelle sociale préétabli.

À la télévision on annonce celui qui prononcera le discours-programme du parti démocrate, un certain député nommé Barack Obama. Avant de monter sur scène les journalistes n’en savent pas vraiment sur lui de façon que dans leurs commentaires ils disent simplement qu’il est en campagne pour le sénat de l’état de l’Illinois. Il est mince, grand et il a de grandes dents qui lui font un très beau sourire. Il se lance dans une allocution d’une éloquence qui électrise la foule. Dans les gradins on aperçoit Hillary et Chelsea Clinton, Le révérend Jesse Jackson et d’autres personnalités politiques qui applaudissent à tout rompre. L’homme manie le verbe et les figures de style. Il vous transporte, transpose, téléporte. Un journaliste dira de lui à la fin de sa prestation : «Le regarder faire ce discours c’est comme regarder Tiger woods en action». Pour rendre ça plus simple je dirais que c’est regarder Zidane manier le ballon. Le ballon lui appartient et on a l’impression qu’il ne fournit aucun effort. C’est d’une facilité biblique. À la fin de sa prestation, on voit sa femme surgir pour venir l’embrasser. Je ne rêve pas. Elle est bien de race noire. Je viens juste de réaliser qu’il est métis. Je viens également de réaliser que mon idéal de vie existe. Voici un homme qui a brisé les barrières de l’ordre social préétabli. Non je ne suis pas fou! Non je ne vis pas un rêve! Ce n’est sûrement pas un film américain que je regarde! Je me suis trouvé une idole!


Plusieurs des phrases qu’il prononça furent analysées, disséquées par les journalistes et des experts politiques de tout bord mais celle qui resta imprégnée dans ma mémoire tel un triangle tracé dans un cercle de feu fût : «E pluribus unum. Au-delà des différences, nous ne formons qu’un. S’il y a un enfant à Chicago qui ne peut pas lire cela m’affecte même si ce n’est pas mon enfant. Si des personnes âgées doivent choisir entre payer pour leur santé ou payer leur loyer cela m’appauvrit même si ce ne sont pas mes grands-parents. Si une famille arabe ne peut avoir accès à un avocat et un procès équitable, cela ternit ma célébrité…». Les journalistes lui donnèrent le titre de «transcendeur». Il avait su parler à toutes les couches de la population et cela peu importe qu’ils soient démocrates, indépendants ou républicains.


Après la défaite des démocrates John Kerry et John Edwards, respectueusement pour le poste de président et de vice-président des États-Unis, la candidature du nouveau sénateur de l’État de l’Illinois fût évoquée par les médias de tous bords subjugués par son charisme. Après des mois d’hésitation, il finit par se lancer dans la campagne. Je me rappelle que j’en discutais souvent avec des copains d’un noir président des États-Unis mais vu l’attention qu’ils accordaient à ce personnage donc ils ne connaissaient ni le nom ni les œuvres, me convaincu de garder soigneusement mon rêve dans mon esprit. Du reste, l’histoire finit par me donner raison. Le 20 janvier 2009, mon rêve devint réalité.




Obama : LA désillusion noire?



Dans une interview accordée à une chaîne américaine, on posa la question au candidat Obama de savoir ce qu’il pensait du fait que certains experts avaient prédit à sa campagne présidentielle le même sort que celle d’un autre afro-américain Jesse Jackson? L’intéressé répondit : «Je ne suis pas intéressé à faire une campagne symbolique. Je suis ici parce que j’ai les habiletés et le jugement nécessaire à faire travailler tous les américains ensemble». Ce qu’il voulait dire en substance c’est qu’il ne sera pas le candidat des noirs mais celui des américains. Mais à voir les liesses de joie que la victoire de Mr. Obama a déclenché dans les villes et villages d’Afrique noire, dans les ghettos du Brésil et dans les îles, on ne peut détacher le caractère symbolique à cette victoire. Car avec elle c’est l’espoir d’un peuple qui renaissait. Le peuple noir tenait en Mr. Obama son «élu», son «Moïse». Comme l’avait si bien demandé l’animatrice de télé américaine, Oprah Winfrey, à la foule dans un meeting de campagne : « Is he the one we’ve been waiting for?» (Est-il celui que nous attendions?). On serait tenté de répondre oui avec toutes ses forces telle une jeune femme qui attend depuis des années la demande en mariage de sa meilleure moitié. De toutes les façons le comité du «Prix Nobel pour la Paix» n’a pas hésité une seule seconde devant une telle question en décernant à Mr. Obama le Prix Nobel de la Paix pour «ses efforts extraordinaires à renforcer la diplomatie internationale et la coopération entre les peuples». Quand on pense qu’un tel prix a été décerné à des personnalités comme Nelson Mandela, Mather Luther King, Mère thérèsa, Desmond Tutu et bien d’autres pour leurs œuvres, même si nous sommes tous d’accord pour dire qu’un tel prix pour Mr. Obama serait simplifier les œuvres de ces hommes et femmes de courage, il a à tout le moins le mérite de manifester l’espoir que son élection a suscité dans le monde entier. Le fils d’un africain président de la plus grande puissance au monde! On se croirait dans une fiction hollywoodienne. Un Prix Nobel en guise d’Oscar ne serait pas malvenu.


L’histoire nous apprend que le Dr. Henri Kissinger, alors ministre des affaires étrangères des États-Unis d’Amérique, lors d’une visite en Chine rencontra le premier ministre chinois et lui posa la question : «Que penses-tu de la révolution française?» et ce dernier de répondre : «Il est trop tôt pour en tirer les conclusions. Ne penses-tu pas?». Il serait donc aussi trop tôt de tirer des conclusions sur le vent d’espoir qui a soufflé sur le peuple noir en voyant un des siens à la fonction suprême de la plus grande puissance au monde mais on pourrait prédire un réveil brutal à ceux qui attendent un soleil venu de Washington pour briller dans la misère du peuple noir d’Afrique, dans les ghettos de New-York, les banlieues de France, les favelas du Brésil ou transformer le printemps arabe en été. Personne ne remet en doute le fait qu’Obama a été élu pour veiller sur les intérêts des États-Unis d’Amérique mais on ne peut minimiser ou réduire la question de la race à de simples intérêts honorifiques et surtout pas lorsqu’on est les États-Unis d’Amérique! Hélas il me semble bien que cela fasse partie de la doctrine Obama car les actions qu’il a menées jusqu’ici ne nous permettent pas de penser le contraire. Par exemple il y a quelques semaines de cela alors que je surfais sur internet je suis tombé sur un appel au boycott d’un concert de musiciens africains en France au stade de France. Selon les organisateurs de la manifestation, c’était là une façon pour Nicolas Sarkozy et le gouvernement français de faire oublier les massacres qu’ils avaient commis sur des civils en Côte-d’Ivoire en offrant un tel concert pour apaiser le climat social. Tout en étant solidaire de cette manifestation, condamnée seule la France serait ne pas avoir une bonne réalité de la politique internationale. Elle a intervenu en Côte d’ivoire sous le mandat de l’ONU. L’Occasion était trop belle pour Mr. Obama d’affirmer qu’il revient aux peuples africains et en l’occurrence aux ivoiriens de choisir leur propre destinée, de se sacrifier pour leur propre liberté car comme il l’aimait le rappeler lors de sa campagne présidentielle c’est une armée de patriotes qui défit la puissante armée de l’empire britannique. Non il décida que les chars français pouvaient mieux décider à la place des ivoiriens ce qui était mieux pour leur futur. Pour rajouter l’insulte à la blessure, il décida d’inviter Mr. Ouattara à s’asseoir à ses côtés lors du sommet du G8 comme pour approuver l’action de la France dans ce pays. De même pour la Lybie, alors qu’il était encore candidat pour le poste de sénateur pour l’État de l’Illinois, dans une de ses envolées lyriques pour manifester son opposition à la guerre, Mr. Obama déclara : « Je ne m’oppose pas à la guerre dans toutes les circonstances, … ce à quoi je m’oppose c’est une guerre débile». La question que nous aimerions vous poser Mr. le Président est que la guerre en Lybie est-elle intelligente? Justifiée? Nécessaire? Et si c’est le cas pourquoi ne pas faire une guerre à la Syrie? Au Yémen? Au Bahrein? En Arabie-Saoudite? Parce que ce sont là aussi des dictatures qui écrasent leur peuple.


Dans son livre l’audace d’espérer on peut y lire à la page 109 : «À l’issue de la réunion, les gens s’approchent pour me serrer la main, prendre des photos, ou envoient leurs enfants demander un autographe. […] Parfois quelqu’un me saisit la main et déclare qu’il a de grands espoirs pour moi mais qu’il craint que Washington ne me change et que je finisse comme tous les hommes de pouvoir. S’il vous plaît ne nous décevez pas me disent-ils». À l’heure où Obama est au plus bas dans les sondages aux États-Unis, le parfum de la déception des hommes politiques commence à envahir les américains. Imaginez celui du peuple noir! Pour eux le coucher du soleil semble venir avant l’heure.

Vive les ÉTATS-UNIS D’AFRIQUE!

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